Syracuse

Dictature repliée sur elle-même, la Corée du Nord est pour le monde occidental un secret bien gardé. A Pyongyang, capitale de la République populaire, David Carr-Brown tente de percer la chape de plomb par le biais de la production cinématographique nationale. Face au mutisme des habitants et aux épuisants discours de propagande, il met en parallèle interviews et extraits de films afin de décrypter les problèmes de société.Depuis 1990, leffondrement de lURSS, le blocus américain et les catastrophes naturelles affaiblissent lEtat dirigé par Kim Jung Il, dictateur invisible auquel un gigantesque musée du cinéma est consacré. Alors que la plupart des dictatures usent de ce média comme d'un leurre dissimulant les problèmes internes, la Corée du Nord montre sans fard la délinquance dans "LArbre saccroît sur ses racines" (2000) et la faim dans "Le Secrétaire du Canton de Daho" (2000) où lon voit larmée, pourtant symbole de puissance, peiner à se nourrir. Fait étrange, mais que l'on peut attribuer au nationalisme exacerbé par le Régime, qui glorifie le culte de lépreuve dont on ressort grandi. Autre signe de fermeture totale à létranger : alors que ces images sont tournées vers le 11 septembre 2001, aucun remous ne vient perturber la placidité nord-coréenne. Même sil nourrit lespoir diffus dune ouverture, David Carr-Brown dit revenir de lenfer. Un enfer aux couleurs pastel et au son feutré.

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