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Le désir : Concours de poésie
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L’édition 2021 du Printemps des poètes a été un Printemps de Désir.
Plus de 70 poèmes ont été reçus à la médiathèque Jules VERNE de Montpellier 3M ! Une formidable récolte, venue des quatre coins de France, qui a mêlé des textes pleins de tendresse, de clins d’œil, d’impertinence, d’images, de sensations, d’évocations multiples. Retrouvez-les jusqu’au 17 avril à la médiathèque.
Le jury, composé des membres du Groupe d’Intervention Poétique de la médiathèque et de bibliothécaires, a sélectionné, après des débats animés, deux poèmes dans la catégorie « Tout public » et trois jeunes participants de la catégorie « Adolescents ».
Poser quelques mots sur une feuille, composer en vers, strophes, vers libres, (se) donner à lire, se dévoiler un peu, beaucoup, passionnément, partager des désirs fugaces ou profonds, détourner les sens, interroger le verbe …
… merci à vous tous pour cette liberté que vous avez prise de nous surprendre ou de nous étonner, de nous ouvrir à votre poésie d’un printemps, nommé Désir !
Les primés
Rouge.
Rouge orangé, rouge cerise, rouge écarlate.
Flamme rougissante qui s’approche de toi,
Et te brûle avec moi.
Je nous mets le feu au coin de tes lèvres.
Tu es rouge dans nos limbes,
Mais rien n’éclaire nos deux corps obscurcis
Que nos deux flammes s’embrassant.
Rouge cardinal, rouge de mars, rouge feu.
Je te perds dans mes pensées.
Mon cœur est plein de tes couleurs,
Plein de toi et vide de moi.
Je suis rouge de toi, rouge pour toi.
Ô feu foudroyant,
M’aveuglant, je me tourne en illusion de mon moi
FIGUÈRES-SARDA ELISÉA
la visite
je me souviens voisine
quand vous veniez chez nous
croiser à la cuisine
vos mains sur vos genoux
oh! vous n’étiez pas dupe
malgré vos airs pincés
tirant sur votre jupe
tout juste pas assez
moi je vous trouvais belle
en ce temps-là si belle
tous mes jouets d’alors
et tous ceux de mon frère
j’aurais donné tout l’or
du monde pour vous plaire
GV
Désir d’un arbre
Désir, toi qui hantes ma vie
Plus que joie tu deviens maladie
Toi qui me donnes une folle envie
À présent tu me demandes de rester ici ?
Je dis non, je veux voyager
Mais maudite racine tu restes accrochée !
Pourquoi ma naissance
Doit-elle dicter mon existence ?
Racine cruelle je dois te couper !
Ainsi je pourrais finalement voyager
Mais le jour où ma racine se rompra
Le fil de ma vie s’arrêtera.
Quand elle est entrée dans l'église
Quand elle est entrée dans l'église
Même le curé s'est arrêté
On devinait sous sa chemise
Ses beaux seins nus en liberté
Au premier rang elle s'est assise
Elle s'est signée, elle a prié
Les enfants d'chœur, sous son emprise,
Se sont, en chœur, tous retournés.
Comment peut-on Parler à Dieu
Avec une sainte dans ce lieu
Et tous les hommes, même les plus vieux,
La désiraient du bout des yeux.
Elle est ensuite partie très vite
Et sans elle la messe était dite
Jean-Claude GONALONS
Désir de perfection
Je désirais être parfaite.
Je voulais que tout me vienne avec facilité.
Travailler, travailler ! Je voulais être prête.
L’art : donner la vie, la beauté !
Pourtant, je n’étais pas satisfaite.
Puis je compris : la beauté
Venait de la difficulté
L’art menait la danse
Et nous entraînait sans résistance
L’art guida mon corps, mes doigts.
Ce jour-là et tous ceux après ça
Et mon cœur devient roi
Dans cette danse ardue et passionnée
Il fallait tout donner
Sa sueur, ses larmes… son âme.
Découvrez notre petite sélection d’ici et d’ailleurs
L’imaginarium que je désirerais découvrir
Je suis émerveillée par ta manière de t’exprimer,
Tout est mûrement réfléchi, chaque mot est bien pesé
Tes histoires uniques, ta façon de les raconter
Avec ton accent chantant bien ancré de ta région,
Nous entraîne dans ton univers charmant et singulier.
L’imagination d’enfant que tu as su conserver
Fait que tu sais avec ferveur transmettre ta passion,
Il faut alors se concentrer pour entièrement plonger
Dans deux planètes d’un bleu limpide que sont tes iris
Pour être transporté dans des épopées dévastatrices.
Le plus grand spectacle est de voir ton visage s’animer,
Tes sourcils sont si mobiles, dans toutes expressions,
Qu’on a du mal à les suivre quand ils dansent sur ton front.
Je suis sûre que si l’on pouvait partager tes pensées,
Alors, on aurait constamment l’impression de rêver.
Joyaux solitaires
Perle de souffrance
Dans la coquille du désir,
Nacre de jouissance
Sur vasque de soupirs.
Rubis éclatant de chaleur
En grappes de douleur,
Grenat sensuel
Et tous mortels.
Aigue-marine et poison
En rivière de passions,
Opale à sertir
Dans l’anneau du souvenir.
Jade froide du remords
En petits silences d’or,
Lapis-lazuli à minuit
Et au matin, la vie.
je voudrais écouter tes silences
dans les tiens inlassables
me frotter contre eux
comme on se love enfant
dans les creux allaitants
j’ai bien cru entendre une fois ton coeur chuchoté
mais ce n’était qu’un frisson
terni d’illusions
ô toi l’aimé, je navigue sur ta peau, sur tes cils,
me glisse dans ton iris
je rame dans tes yeux l’eau noire de tes désirs
mais voilà que tu fermes les paupières
faisant de moi ta douce captive
moi la feu promise
fondant en larmes d’incendie
sous tes caresses de mer et de fer
Pulsion
Au petit matin, une émotion m’a saisie,
Je me suis levée avec cette folle envie,
Cette passion subite, ce défi,
Qui m’a rapidement submergée, envahie,
Cette volonté de vie, cet appétit,
De combler le manque induit, le vider,
Le besoin de le faire sortir, le libérer,
D’aller à sa rencontre, de ne pas s’échapper.
Partir au bout du bout, et
Délicatement poser quelques mots,
Désirer que la douleur cesse,
Mettre des mots sur mes maux,
Avant qu’ils ne me mettent en pièces.
Maryse Weisser Macher
Le mille feuilles
Comme ils étaient joyeux ces dimanches matin,
Quand les cloches d’église appelaient les fidèles,
Que chapeaux et voilettes, manteaux et mocassins
S’engouffraient dans le sombre, l’encens et les chandelles.
Et que, la rue vidée de tout ce brouhaha,
La main bien abritée dans celle de ma mère,
A grands pas décidés nous salivions déjà,
Vers l’odeur chatoyante des douceurs pâtissières.
L’entrée bleue s’écaillait, véritable art modeste,
La clochette tintait, introït concertant,
Et là, dans la vitrine j’assistais, sans un geste,
A un concours de crèmes et chocolats fondants.
Ah ! Les yeux de ma mère en ces instants bénis !
Les anges du désir la faisaient tellement belle !
Et lorsqu’à voix feutrée elle me disait : « choisis »,
Moi, d’un doigt gourmand et des yeux d’étincelles,
Je désignais l’élu, celui de mes passions,
Celui qu’avec lenteur, dégusterai les feuilles
Pour savourer enfin, sublime sensation,
Délicieuse et fondante, l’ultime, la MILLIEME.
Simone Groppi
TENTATION
L’incertitude envahie les entrailles,
Les sentiments amoureux se nouent,
Puis s’entre-mêlent au soleil matinal,
Aux murmures suaves des mots doux.
Perception impérieuse d’un souffle,
Un premier pas incertain d’équilibriste,
Une respiration haletante qui s’essouffle,
Une grandissante folie d’envie récidiviste.
D’attraper affectueusement cette main.
Impression éphémère d’une émotion,
Convoitise d’un instant souverain,
Empreinte passagère de libération.
Dans les ombres feutrés du désarroi,
Se supplie la délicieuse sensation,
D’avouer en émoi à l’autre, à soi,
Le désir incandescent d’une tentation.
Claude Paras
Que fais-tu planté là, dans mon esprit aride ?
Une goutte perle puis se déroule,
Je la regarde glisser doucement.
Dans ses reflets d’argent mon regard coule,
D’un coup de langue, je la bois goulument.
Ma soif ne semble jamais se tarir.
Noyé dans le désert de mes désirs,
Tu te perles de larmes de cristal.
Ma gorge est sèche, ma soif est abyssale.
Mes lèvres plongent et longent ta rosée,
Son goût est sucré, je veux te croquer.
Mes dents se brisent sur tes flancs ardents,
Ton corps se tord et gémit bruyamment.
Il n’y a plus de goutte. J’ai été trop avide.
Auteur : Franck Le Garlantezec
Sentinelle ou Elle ne sentit
Mon silence
Est une muraille
Que je place
Entre nous deux
Par peur
Que nos mots
Ne s’enlacent trop fort
Le désir de nous unir
Hurle dans mon corps
Montant d’un ton
A chaque pulsation
Il tambourine un mur
De vieilles déceptions
Alors je monte le volume
De ma voix de la raison
Ignorant les pleurs
De cette tendre passion
DESIR
Mon cœur déborde d’amour
Chéri, viens jusqu’à moi
Sois mon beau troubadour
Qui chantera pour moi
Prends ta lyre
Et ton joli minois
Chante pour me redire
Que tu n’aimes que moi
Redouble de force
Pince les cordes violemment
Montre-toi féroce
Aime-moi brutalement
Caresse ces fils de soie
Chante mélodieusement
Regarde un instant
Mes yeux sont pleins d’émoi
Ton doux chant s’envole et se perd
Dans l’air frais du soir
Je n’ose plus rien faire
Il fait trop noir
Les étoiles jouent à cache-cache
Mes yeux s’illuminent déjà
Mon corps s’amourache
Cupidon sourit de joie
Beau troubadour
Pose ta lyre
Et sois toujours
Mon unique délire
Monique ROSSFELDER-TRETARRE
Le fruit du désir
Seule dans ma galère, j’aspire au doux plaisir de tous mes confrères.
Au plus profond de ma chair, irrésistible désir, il me le faut à tout prix !
Pardonnez-moi je vous en prie !
Cette attente n’est que souffrance et me prive de cette convoitise.
Allez y bien à votre guise, ignorez ma concupiscence !
Mais n’oubliez pas que c’est vous, la cause de cette fâcheuse ignominie !
Il n’appartient seulement qu’à vous, de faire taire toutes ces calomnies !
Un Besoin irrationnel à maudire, insatisfaction permanente je dois dire,
Prenant une véritable place exponentielle, ligne après ligne de manière inconventionnelle…
Mais à bien y réfléchir…. Ne suis-je donc pas une martyre ?
Un manque s’empare de moi…
On m’accuse de ce désir, celui qui me met en émoi.
N’allez pas me contredire !
Vous êtes le fruit du plaisir et je vous désire.
Oona
CUPIDON
Alors que j’avançais le cœur triste aux abois
J’ai senti un regard posé sur mon épaule,
Aussitôt à l’esprit me vint une idée folle,
Et si c’était Éros me touchant de son doigt !
Pivotant sur-le-champ je cherchai un visage,
Je la vis s’éloigner emportée par la houle,
Aphrodite partait avalée par la foule ;
Sa pupille riait quand je criais de rage.
J’ai erré comme un fou dans les rues de la ville
en scrutant tous les yeux de façon malhabile ;
Cupidon m’a trahi ! Ai-je l’amour maudit ?
J’ai supplié en vain, j’ai hurlé mon désir,
Et la nuit survenue bercé par le zéphyr
J’ai pleuré pour les mots qu’elle ne m’a pas dit.
Puisqu'il faut partir
Puisqu'il faut partir, on ira sous la lune,
Nos regards de braise écartant les brumes.
Au sommet des dunes, on chassera nos maux,
Hurlant face au vent notre désir de vivre.
On attrapera l'océan et ses caresses d'écume,
On les fourrera dans nos poches pour les jours trop moches.
Plonger dans les rouleaux, noyer nos tourments,
Et nos rires jusqu'aux îles parfumeront les étoiles.
Sur les plages sauvages, des bateaux à voiles.
Dressés comme des phares, de longs bois flottés.
Un grand feu de joie, des visages apaisés ;
La nuit nous protégera des trop grandes marées.
Parcourir
Dans une pensée
Un surgissement
L’or
Le reflet d’un instant
Le ciel par la fenêtre
Et l’éclat de la liberté
Un pas - dans l’infini
L’histoire
D’un trait d’une parole
D’un geste
Dépasser saisir
Le lointain l’ailleurs
Claire Mélanie POPINEAU
Idylle
Il a fallu ce matin
Pour qu’il se manifeste enfin
Et voilà qu’il monte en moi ce désir
Trop brusquement peut-être
Il va falloir le contenir
Surtout ne pas le brusquer, mais l’apprivoiser
Pour le lui offrir au moment opportun
Retenir le temps qui file
L’emprisonner dans l’étreinte
Pour ne point me défaire de cette autre étreinte
Pour ne point briser le lien
Qui lie mon cœur au sien
Colbronaro
Désir
J’ai eu une sensation
Qui m’a procuré de longs frissons
Parcourant mon corps tout entier
Et je n’aspire qu’à retrouver
Cette intense volupté
Que dans mon corps tu as créé….
Jamais au grand jamais
Je n’ai ressenti une telle intensité !
Je suis gagnée par l’envie
De renouer sans répit
Avec cet instant volé
Qui entraîne mon corps et mon esprit
Dans un dédale de plaisirs cachés…
Voilà ce que me procura
Un subtil carré de chocolat ! Mylène Chapon
Désirs de femme
À vous mesdames.
À vos amours, vos désirs, votre liberté.
À vos corps qui s’exposent, prennent la pose, se dissimulent ou défient les regards.
À vos rondeurs, vos cicatrices, à toutes les couleurs d’une peau lisse ou ridée,
À votre indéniable beauté.
À vos seins qui allaitent, qui apaisent ou font vibrer la main qui caresse.
Aux regards qui se fardent, aux prunelles insolentes,
Qui charment, mitraillent, s’indignent ou se voilent de larmes.
À vos désirs, vagues hurlantes dont vous taisez l’effet,
Aux masques que parfois vous portez
Et qui peinent à cacher ce que le cœur veut taire.
À vos blessures, aux marques que la vie à laissées,
À votre force et votre résilience.
Aux bras que vous tendez, désirs de mère,
À votre sixième sens, aux émotions exarcerbées.
A votre douce bienveillance,
À l’avenir que vous tissez,
Aux soleils qui se lèvent aux noms que vous portez.
À vos grands-mères, vos mères, vos filles et petites filles.
Au chemin parcouru,
Au désir d’être femme à part entière.
À notre dignité.
Sandrine COUSSY
Te décrire mes envies de désirs
Sans images ni symboles
Sans écrits ni paroles.
Te décrire mes pensées en soupirs
Muets de mots dans un cri
Qui transperce la nuit.
Sans un geste caresser ton désir
Sans bouger, sans agir,
Et toucher ton zéphyr.
De peaux en peaux effleurer ton plaisir,
D’un bruissement d’ailes
Posées sur ton île.
En silence t’observer enfin jouir
Faire trembler ta terre
Et gémir l’univers.
C’est quand les ténébres sont au rendez-vous
Que mes noirs désirs hantent mes nuits blanches
Ils me submergent, semblables à une avalanche
Tels des chimères ils revêtent différentes apparences
Certains sont éphémères, d’autres font preuves de persévérance
Différents appétits, tous insatiables, mes désirs ou délires font désordres
Cette boulimie des envies me dicte ma conduite et me donne des ordres
A peine mes désirs sont assouvis
Que mon bonheur s’est évanoui
Je ne suis donc jamais épanoui
Si avec la satisfaction du désir cesse le plaisir
Peut-être que je cherche à souffrir pour ne pas me sentir mourir
Valentin
Corps camé par des années de chaos,
Entrailles pétrifiées, viscères abîmées,
Enveloppe pliée, déchirée en morceaux,
Mais la femme est bien là et lève son front haut.
Elle rêve dans sa tête, aveugle dans son corps,
Oh mais qu’elle se sent bête, la femme en désaccord,
De ce pantin figé qu’elle essaie d’animer,
De ces farouches traits qu’elle voudrait oublier.
Elle ressent un émoi, mais manque les ébats,
S’escrime avec son corps, mais l’étaux se resserre
Sur son cœur qui crie fort, qui cherche les bons vers.
Il est le bâillonné du bourreau de la peur,
Il est le torturé qui cherche une lueur ;
Même sur l'échafaud il garde sa chaleur,
Si seulement il pouvait oublier ses malheurs.
Tatiana