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Vue de Tivoli
Description d’une gravure à l’eau-forte de François-Xavier Fabre en quatre états
Colette Richarme
Zoom sur : les quatre états de la Vue de Tivoli, gravure à l’eau-forte de François-Xavier Fabre d’après Gaspard Dughet, 1809
A partir de la fin du 18e siècle, le paysage prend une place de plus en plus importante dans l’œuvre de Fabre. Il s’exerce notamment au style du paysagiste classique Gaspard Dughet (1615-1675) à la Galerie des Offices, puis vers 1804-1805, il entreprend des études sur le mo-tif dans le parc des Cascines et aux Bains de Lucques.
En parallèle, il développe sa collection et enrichit par ce biais sa connaissance de la peinture de paysage.
La Vue de Tivoli, gravure à l’eau-forte datant de 1809, fait partie des exercices de Fabre d’après les maîtres paysagistes et représente un témoignage de l’attachement porté à l’œuvre de Gaspard Dughet.
Pour exécuter ce type de gravure, une plaque de métal est recouverte d’un vernis protecteur dans lequel l’artiste vient dessiner son sujet. Puis cette plaque est plongée dans un bain d’acide qui attaque le métal aux endroits laissés à découvert par le dessin.
Plus la durée du bain est longue, plus les tailles gravées sont profondes et plus les traits obte-nus à l’impression sont foncés. En traitant la plaque par différents bains, l’artiste peut ainsi faire varier les valeurs de gris dans sa composition.
L’impression de la plaque en cours de travail permet de contrôler et d’apprécier l’évolution de la gravure. Ces impressions sont appelées « épreuves » ou « états de la gravure ».
La médiathèque Émile Zola conserve quatre états de la Vue de Tivoli, légués par Fabre en 1825. Ces épreuves nous permettent de comprendre les étapes de confection de la gravure, et d’apprécier la capacité de l’artiste à structurer l’espace à l’aide des contrastes de lumière.
Le 2e état de la gravure est ponctué de touches de peinture grise. Il s’agit de corrections effec-tuées par Fabre sur l’épreuve imprimée, signalant les zones qui doivent être ombragées par l’ajout de tailles dans la gravure.
L’épreuve finale - le 4e état - offre au regard un paysage équilibré, avec de riches nuances de gris, où l’éclairage met en valeur les personnages et les éléments naturels, et guide notre regard vers les sommets de Tivoli et ses temples antiques majestueux.
Zoom sur : Vue de Tivoli
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Colette Richarme
François-Xavier Fabre en quelques mots
Né en 1766 à Montpellier, formé dans l’atelier du chef de file de l’école néo-classique David (1748-1825), et lauréat du prix de Rome en 1787, François-Xavier Fabre exerce d’abord sa carrière de peintre en Italie, à Rome puis à Florence.
De retour en France en 1814, il revient à Montpellier en 1824 et offre à la Ville ses collections d’œuvres d’art et de livres. La création d’un musée – le futur musée Fabre – est actée l’année suivante.
La médiathèque Émile Zola conserve dans ses réserves l’importante collection d’estampes rassemblée par Fabre, ainsi que sa bibliothèque personnelle et celles de ses amis, le poète Vittorio Alfieri et la comtesse d’Albany.
Pour aller plus loin
Pellicier Laure, et Decron Benoît : François-Xavier Fabre peintre et collectionneur. Dijon : L’Estampille, 2000.
Luciani Paola, et Decron Benoît : François-Xavier Fabre (1766-1837) : de Florence à Montpellier. Montpellier : Musée Fabre, 2008 ; Paris : Somogy, 2008.
PODCAST
Dufour Léopoldine : François-Xavier Fabre, le petit marmiton devenu artiste, collectionneur d'art et mécène
Dans : Ici matin. Ici Hérault, 11 février 2025, 4 min.
VIDEO
Hilaire Michel, et Talon-Hugon Carole : François-Xavier Fabre, collectionneur d’exception en son temps
Conférence organisée par l’Académie des sciences de Montpellier, 7 avril 2025, Centre Rabelais, Montpellier.