Syracuse

Avis des lecteurs

• Il Grande Fratello… is watching you 3/5

  Le panoptique est un modèle d’architecture carcérale où le détenu peut être surveillé à son insu en toutes circonstances. Pour certains observateurs, c’est ce modèle qui a inspiré les émissions de télé-réalité où des candidats à la célébrité sont enfermés en vase clos sous l’œil permanent des caméras. La plus célèbre de ces émissions s’appelle d’ailleurs Big Brother, comme dans le roman de George Orwell, 1984. Etait-ce pour aller au bout de cette idée que Matteo Garrone a confié le rôle principal de son film Reality à un comédien par ailleurs condamné à perpétuité ? Ancien de la Camorra incarcéré pour meurtre, Aniello Arena y crève l’écran dans le rôle de Luciano, gouailleur poissonnier napolitain qui arrondit ses revenus par quelques combines aussi imaginatives qu’illicites. Parce qu’après avoir passé un casting, il est convaincu qu’il va devenir la prochaine vedette de Il Grande Fratello, la version italienne de Big Brother, Luciano, le comique de la famille, ne pense plus à rien d’autre. Il s’imagine en permanence espionné par des émissaires de la télévision, toujours dans l’œil du panoptique, et modifie son comportement pour se conformer à ce qu’il pense être attendu de lui. En voyant les mythiques studios de Cinecitta désormais plateaux de télévision, on pense évidemment au Fellini tardif de Ginger et Fred, mais plutôt qu’une dénonciation frontale de l’univers de la télé-réalité, Matteo Garrone illustre ses effets insidieux par un cas d’aliénation clinique. Et oppose à cet univers de faux-semblants et de paillettes celui des rues du Naples populaire, comme un hommage à l’inscription sociale si chère à la comédie italienne de toujours.

  Olivier C. - Le 28 juin 2013 à 18:59