Syracuse

Sur le tournage de "Trilogie 1" à Thessalonique, Jean Breschand suit Theo Angelopoulos au travail et propose un "making of" à la mise en scène réfléchie. Privilégiant l'observation plutôt que l'interview, le retrait plutôt que l'intervention, il filme comment le cinéaste grec organise ses plans ou dirige ses acteurs, saisissant ce moment capital où limage "sort" de l'artiste pour être offerte au monde.Si "Trilogie 1" est le premier volet dune saga qui retrace l'histoire de la Grèce contemporaine, c'est avant tout l'aventure humaine qui intéresse Angelopoulos. Homère d'aujourd'hui, il donne à l'Histoire l'éternité du mythe. "Nous n'avons pas fini de démêler à quel temps nous appartenons" prononce ainsi en voix off Féodor Atkine, sur un panoramique qui relie architecture contemporaine et temple en ruine. Thésée partant combattre le Minotaure ou Alexandre quittant Elleni pour faire fortune aux États-Unis, c'est toujours ce même récit de l'exil qui recommence. Jouissant dune très grande liberté, Angelopoulos compare son travail à celui d'un peintre pouvant attendre longtemps le gris qu'il affectionne tant, ce gris qui permet aux autres couleurs de se détacher pour représenter au mieux le monde. Enfin, sil donne parfois limage d'un démiurge autoritaire, il confie à l'un de ses acteurs que les rares moments où il ne fut pas vainqueur auront été les plus intenses et les plus humains.

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