Syracuse

Depuis 1974 et son premier film "Histoire de Paul", René Féret n'a cessé de remettre en scène certains épisodes de sa vie ou de celle de ses parents. A la fois analyste et patient, il invoque la mémoire de sa famille, d'un frère surtout, mort avant sa naissance et dont il porte le nom. Sous la forme d'un road-movie autobiographique, Frédéric Pelle et Pascal Lahmani livrent le portrait de ce cinéaste discrètement obstiné. "Rue du Retrait", sorti en 2001, illustre bien l'intégrité et la pugnacité de René Féret : tourné en caméra DV avec ses voisins et les commerçants de sa rue, ce film au sujet ardu n'a bénéficié d'aucun financement et reste "auto-distribué". Si ce refus de la compromission explique peut-être la discrétion de ces films, de "Baptême" à "La Communion solennelle", du "Mystère Alexina" à "La Place d'un autre", il rend compte en tout cas d'une démarche dans laquelle un film est fait avant tout pour soi-même et ne rencontre le public que "par accident". C'est que vie et cinéma ne se départagent guère chez Féret, pour qui mettre un film à la place d'une expérience vécue est le remède à tous les traumatismes. Extraits de films et interviews se mêlent alors naturellement dans ce documentaire, où l'on accompagne le cinéaste sur les lieux de son enfance - le Nord -, puis de ses films, ou inversement.<br/>