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Plongées patrimoniales
Des trésors à partager
et graphique du réseau des médiathèques de Montpellier.
En ce moment : les papiers dominotés
Retrouvez des ouvrages ornés de papiers dominotés dans la grande vitrine du rez-de-chaussée de la médiathèque Émile Zola
Papier dominoté ?
Il s’agit d’une feuille de papier décorée par l’impression d’une planche de bois gravée ou à partir d’une plaque de cuivre incisée, elle est coloriée au pinceau ou en utilisant des pochoirs.
C’est une production populaire et utilitaire, le papier sert à doubler les coffres, les armoires, les tiroirs, les étuis, les boîtes à chapeaux et à décorer les cheminées.
La dominoterie perdure aujourd’hui grâce à des artisans d’art qui la font vivre dans le respect des méthodes traditionnelles.
Le papier dominoté et le livre
Aux 15ème et 16ème s. en Europe, les beaux livres étaient reliés en parchemin ou en vélin. Les autres ne possédaient pas de couverture, la feuille de titre en tenait lieu.
Il faut attendre le début du 17ème s. pour l’utilisation des papiers colorés en couverture d’attente. Ces feuilles estampées, rarement conservées du fait de leur usage temporaire, font aujourd’hui l’objet de toute l’attention des bibliophiles.
C’est au 18ème s. que ces papiers trouvent l’engouement des relieurs, désormais on les emploie en couverture définitive pour les livres, en Italie, en Allemagne et bientôt en France.
Rarement utilisés en page de garde pour les reliures de cuir, on prend parfois la peine d’y coller des étiquettes dessinées ou gravées pour le titre.
La corporation des « cartiers – feuilletiers - maîtres dominotiers - imprimeurs d'histoires »
Les premiers statuts apparaissent dès 1540. La corporation se compose des maîtres, des compagnons et des apprentis.
La veuve d’un maître peut généralement reprendre le métier de son époux.
A Paris au début du 17ème s., devant la concurrence des graveurs en taille-douce (gravure sur cuivre), les graveurs sur bois s’installent en province où la gravure sur bois reste active.
En 1686, à la suite de l’interdiction par Louis XIV du commerce et de la fabrication des « indiennes » (tissus de coton importés des Indes), les dominotiers développent les « tapisseries en papier » qui remplacent avantageusement ces étoffes pour la décoration des murs.
La technique de la gravure sur bois
Le dessin est gravé directement sur des bois fruitiers et la taille est dite « taille d’épargne » : les traits qui apparaitront en noir au tirage sont laissés en relief, tout en évidant les parties qui resteront en blanc.
Si un mois est nécessaire pour graver une planche, il est ensuite possible d’imprimer des centaines de milliers d’exemplaires. Transmis d’une génération à l’autre ou passant de mains en mains, par vente ou échange, les bois sont parfois de petites dimensions comme en Italie.
En revanche, les bois français du 18ème s. siècle sont d’assez grandes dimensions (45x35 cm), une seule impression suffit pour remplir la feuille de papier qui présente de larges marges blanches.
Les techniques d’impression
La technique la plus ancienne et la plus courante est dite au « frotton », c’est une boule d'étoffe et de colle enveloppée d'un linge utilisée pour tirer des gravures sur bois avant l'invention de l'imprimerie.
La planche est fixée sur la table de l’atelier, côté gravé dessus : le dominotier trempe une brosse à soies molles ou un tampon de cuir dans la couleur noire (mélange de noir de fumée et de colle), il imprègne la surface du bois et applique la feuille de papier légèrement humide, il la presse fortement avec le frotton, l’impression est faite aussitôt.
La presse à bois, assez semblable à la presse des imprimeurs, remplacera ces méthodes archaïques en assurant un meilleur rendement.
Les motifs
L’évolution des motifs suit les progrès techniques, mais aussi la mode, et l’imagination des dominotiers se révèle très expressive et très créative, stimulée par la grande variété de leur production : du 16ème au 18ème s., ils proposent des images religieuses ou profanes, des jeux de l’oie, des cartes à jouer, des souvenirs de fêtes, des illustrations de proverbes, des calendriers et toutes sortes de papiers décorés.
Au début du 17ème s., la diffusion en Europe des motifs orientaux inspirés des tissus d’indienne, apporte une grande révolution figurative.
Ils affirment une grande liberté du dessin et un enrichissement des couleurs : ramages, fleurs, fruits exotiques, un peu plus tard, suivent les « chinoiseries » : pagodes, palanquins, oiseaux exotiques…
Evolution
La dominoterie reste étrangère à toute école, les papiers dominotés font partie de notre imagerie populaire et comme elles s’achèveront dans le premier tiers du 19ème s. avec la mécanisation des ateliers familiaux.
Au-delà de l’utile ces productions font preuve d’une recherche du beau et de l’esthétique. Par des moyens simples et rudimentaires, les dominotiers obtiennent des harmonies parfaites qui conservent tout leur charme malgré les ravages du temps et de la lumière.
Cependant, elle perdure aujourd’hui grâce à des artisans d’art qui la font revivre dans le respect des méthodes traditionnelles.
Pour en savoir plus :
https://www.antoinettepoisson.com/
https://www.legrandsiecle.com/fr/35-planches-de-papier-velin
Retour en 2023
Cette exposition a été l'occasion de découvrir des documents issus des réserves précieuses du Département du patrimoine écrit et graphique du Réseau des médiathèques.
Vous avez pu admirer des marques de grands noms de cette période : Philippe Pigouchet, Antoine Vérard, Simon de Colines, Geoffroy Tory ou encore Guy Marchant. Certains ont débuté à Bourges, d'autres ont développé leur art à Paris ou à Lyon, tous animés par cette exigence de la transmission et le désir d'innover pour proposer des ouvrages de qualité qui traverseront le temps.
On assista alors en quelques années à une transition graphique révolutionnaire : les imprimeurs qui ont souvent cherché à reproduire les caractéristiques typographiques et iconographiques issus des manuscrits médiévaux s'en éloignent ; la tradition gothique s'estompe pour laisser place à un adoucissement des figures, une lumière subtile valorisant les caractères, prémices d'un humanisme en devenir.
Les imprimeurs sont parfois aussi libraires, les libraires s'improvisent éditeurs et c'est l'histoire du livre imprimé qui s'écrit sous nos yeux avec pour repères ces marques élégantes et symboliques, "parlantes" et raffinées.
En images
Escale vidéo : rencontres inédites
Prolongez le Voyage, (re) découvrez la vidéo des témoins qui partagent leurs impressions devant des ouvrages et objets exceptionnels lors de l'exposition patrimoniale 2023 En Voyage! XVe - XXIe siècle .
Mémonum : zoomez, téléchargez, partagez... sans modération!
Bibliothèque numérique patrimoniale, Mémonum propose un million de pages numérisées à feuilleter dans les réserves précieuses de la Médiathèque de Montpellier.
Presse ancienne, manuscrits, estampes ou livres incunables : laissez-vous tenter!
Du « neuf » dans les collections !
Du « neuf » dans les collections !
Carte de Montpellier - Sarah Delanchy / 2022
Architecte de formation, Sarah Delanchy travaille deux techniques particulières : le dessin au rotring et la linogravure.
Accueillir une oeuvre de cette artiste surdouée est aussi la démonstration d'une collection patrimoniale "dynamique", tournée vers des artisans du livre contemporains, et par là-même constituer les collections du futur.
Du « neuf » dans les collections !
Les collections patrimoniales s’enrichissent tous les ans de nouveaux trésors. Retour sur certains d’entre eux, acquis en 2022.Pont des Arcs - Jean Joseph Bonaventure Laurens / 1892.
Né à Carpentras en 1801, Jean Joseph Bonaventure Laurens était un lithographe et aquarelliste renommé du 19e siècle.
Secrétaire général de la faculté de médecine de Montpellier et organiste à Saint-Roch, il sera proche des Félibres et de Frédéric Mistral.
Il meurt à Montpellier en 1890.
Laurens a réalisé de nombreuses vues de la région, tel ce Pont des Arcs, à Saint-Martin de Londres, qui vient étoffer une collection déjà riche de nombreuses lithographies.
Du « neuf » dans les collections !
Traité des arcbusades, contenant la vraye essence du mal (...) - Laurent Joubert / 1574.
Laurent Joubert (1529-1583) a été professeur et doyen de la faculté de médecine de Montpellier.
Le caractère exceptionnel de ce document réside dans la dédicace manuscrite en latin que son auteur a inscrit en face de la page de titre en lettres capitales s’inspirant de l’antiquité romaine dans le goût de la Renaissance.
Au regard de la similitude des lettres capitales, elle a peut-être été rédigée par le même artiste, François Sanchez, qui a gravé la plaque funéraire de la faculté de Médecine de Montpellier rendant hommage à Guillaume Rondelet. Ce dernier fut le professeur de Joubert et le cousin de Claude Formy, ami à qui Joubert adresse sa dédicace.