v
« Une lettre pour te Dire… »

votre Correspondance sur le thème: "Une rencontre..."
À l'aide des flèches, faites défiler les lettres
Montpellier le 23/02/2021
Chère rencontre,
Je ne sais pas si tu te souviendras de moi, mais nous nous sommes rencontré il y bien longtemps. Cela doit remonter maintenant à une vingtaine d’années, à l’auberge de jeunesse de Montpellier.
Tu arrivais d’une autre région en quête d’une nouvelle vie, tu étais jeune avec pour seul bagage ton sac à dos et quelques pièces en poche pour te payer quelques nuits.
Ton visage sympathique m’avait poussée à te parler, le temps d’une soirée on s’est raconté nos vies.
J’étais comme toi dans un tournant pas facile, sans logement mais en période d’essai à France Loisir pour obtenir un travail afin de subvenir à mes besoins primaires.
Deux jours de démarchage dans la rue afin de persuader les gens à prendre un abonnement, il était prévu que je fasse par la suite du porte-à-porte.
Cette façon de faire ne me correspondait pas du tout et c’est avec plaisir que je t’ai conseillé d’aller te présenter sachant qu’une place était à prendre et que je ne comptais pas continuer.
Nos chemins se sont séparés, mais quelques mois plus tard je t’ai revue dans un beau costume.
Tu m’as vivement remercié car il t’avait embauché, tu assurais et commencé à gagner pas mal d’argent et tu cohabitais avec un collègue de travail.
Qu’est que tu es devenu depuis ? Je me pose parfois la question quand je repense à toi.
Je n’oublierais jamais cette rencontre car elle m’aura appris qu’en donnant peu et sans le savoir on peut embellir une vie qui pourtant n’était pas si bien partie.
A toi, le jeune homme qui voulait s’en sortir !
Cher Grand Canyon,
Vous rappelez-vous ce jour où nous nous sommes vus pour la première fois ? Moi, je me souviens de vous, je me souviens de tout. C’était en 2011, en mai précisément. Avec mon amoureux, on a cassé la tirelire pour vivre le rêve américain. Le soir, après le travail, on sélectionnait les hôtels, les parcs, les lieux incontournables. Avec Internet, c’est facile. Doigts au clavier, nous traversions déjà votre domaine. Ici, on vous surnomme la montagne sacrée, on dit que vous détenez des pouvoirs. Alors on s’est laissés influencer, on a pris une chambre avec une vue imprenable sur les contrées qui vous entourent. Oui, Grand Canyon, avant d’arriver jusqu’à vous, on en a pris des décisions.
Pour vivre le grand choc et la sérénité des grands espaces, on a roulé pendant des heures sous des brumes épaisses, longeant d’immenses pâturages, des forêts gigantesques. Sur la route, des remorques chargées de bois retardaient le vertige. Puis l’horizon a changé de couleur, le vent s’est mis à bousculer les dunes. Le décor que nous traversions, était grandiose. De chaque côté de la voie, tout n’était que splendeur, les roches ressemblaient à des corps dénudés, les collines étaient rouges, les régions, caillouteuses. Aux portes de votre sanctuaire, mon regard s’est figé. Capté par le grand vide, il se suffisait à lui-même, n’éprouvait pas la lassitude.
Parfois la météo devenait capricieuse mais c’est ainsi qu’avant de vous atteindre, les pics se sont faits plus cuivrés. Passé Little Colorado, mon appareil photo s’est mis à trembloter entre mes doigts fébriles. Le ciel était bas. Un vent glacial a traversé mon corps. En rassemblant mes cheveux, je me suis engagée sur un sentier bordé de souches aux formes harmonieuses. Le vent continuait de me défier, je le laissais attaquer mon visage… Je marchais vers vous sans savoir que c’est vous qui marchiez vers moi… Dès la première seconde, vous m’avez fait penser à un refuge écologique, un lieu de recueillement.
Vous étiez si beau Grand Canyon, vous m’offriez un tableau gigantesque, des perspectives inédites. Vos teintes étaient pures, éclatantes. Pendant que je vous contemplais, j’ai senti la paralysie progressive, le frisson délicieux. Depuis la rive sud où je vous admirais, vos plans se succédaient en dégradés sublimes, l'eau du Colorado dévorait l'épaisseur de vos berges. Au loin, je voyais vos couleurs comme des chevelures, vos plaines étourdissantes, vos plateaux fascinants et vos arbres géants. Plus bas, j’ai deviné la trace de vos coulées de lave, vos rivières rapides, vos précipices bleus. Devant le témoignage que vous représentiez, j’ai fait corps avec vous, prié dans votre église, plié sous votre loi. Pour percer les secrets de votre intimité, j’ai trouvé le moyen de gravir vos chemins, dominer vos cascades, dévaler vos cratères et caresser vos pierres. Le temps de m’en approprier les contours merveilleux, je me suis inclinée pour plonger dans vos gorges, vos parois verticales, vos buttes ciselées. Si je n’ai pas surpris les mouflons qui vivent dans votre antre, j’ai reconnu les branches qu’ils doivent escalader, les grottes et les cavernes où ils étaient cachés.
Vous êtes Grand Canyon le plus beau spectacle géologique de la planète, une balafre gigantesque qui traverse l’Etat de l’Arizona sans jamais le défigurer. Dans votre labyrinthe de fissures, j’ai suivi le seul cours qu’aucun prof de géo ne m’a jamais donné. De toutes les photos que j’ai faites de vous, aucune ne retranscrit votre absolue beauté, vos monts piqués d'argent et vos jardins sauvages. Dix ans après notre rencontre, vous restez le premier à m’avoir initiée à la beauté de la nature. Et de toutes les scènes qui vous ont succédé, de tous les paysages que mes yeux ont aimés, c’est à vous aujourd’hui, à vous et à vous seul que j’écris mon amour des voyages…
Isa D.
Mars 2021
Montpellier le 18/02/2021
Pluie fine, douce. Besoin de respirer. Dehors, nature verte. La sente est boueuse.
Marche lente, la jambe folle ne veut pas suivre le rythme de l’autre, tant pis.
Masque oublié, personne. Respire, respire
L’eau clapote sur les feuilles et m’envoye ses gouttelettes.
Rêverie, rêverie, pensées grises évaporées…
Sursaut, un corniaud me dépasse, revient, m’attend, seul aussi
La truffe est en éveil, lui aussi est venu respirer.
Je me tais, continue, savoure sa présence.
Le chemin se finit, je vais rentrer...Il a disparu.
Cordialement, humblement.
Anne-Marie
Le vieil homme souriait. La vraie rencontre à retenir, c’était évidemment celle-là.
votre Correspondance sur le thème de l'amour ou de l'amitié
À l'aide des flèches, faites défiler les lettres
Le 27janvier 2021
Chère amour,
Bientôt nous fêterons nos dix années de vie commune et malgré les aléas vécus je n’ai pas vu le temps passé auprès de toi.
Je sais que par ce lien tu en as vu de toutes les couleurs et que parfois ta place dans cette famille t’est difficile.
On peut dire aujourd’hui qu’on se connaît par cœur, ce qui nous permet de tenir notre barque à flot. Même ce confinement et les 80 jours enfermés à la maison ne nous auront pas abimées, bien au contraire.
A plusieurs reprises nos aspirations ont été différentes mais notre amour réciproque nous aura fait faire des compromis pour éviter la prise de distance.
Parfois tu me mets hors de moi car tu es la seule à pouvoir me mettre à nu mais ma fierté ne le conçois pas, donc la colère fuse mais ne dépasse jamais l’entendable pour ne pas t’écorcher.
Personne ne peut connaitre nos nuits folles, cet accord parfait au-delà du plaisir charnel.
Tu es un tout dans ma vie, mon amie, mon âme-sœur, celle qui restera à jamais dans mon cœur.
Plus besoin de te dire ces mots que beaucoup utilisent avec légèretés et qui ne sont pas assez fort pour exprimer ce que je ressens pour toi mais tu le sais…
Ton Amour
je les aime bien tendres,
c'est plus craquant,
des noirs aux blancs
parfois café au lait.
je dois l'avouer :
plus c'est bronzé mieux c'est !
À ces conquistadors,
j'ouvre mon palais
pour un instant de bonheur.
L'histoire est brève mais intense,
laissant des traces d'amertume.
Alors j'y replonge encore,
m'abandonnant à la matière,
des bien carrés, avec des tablettes ça me plaît,
petits ou grands qu'importe,
j'les passe à la casserole.
Puis la graine essentielle est en moi,
elle chauffe mes sens, me donne tant d'énergie !
Une fois consommé, l'amour pèse sur mon corps,
grossit mon ventre.
Le temps des regrets est de brève durée,
caramel, moka, je pense déjà alliances.
Oui, je l'avoue, la grande croqueuse
de chocolat, c'est moi !
aline
votre Correspondance sur le thème du courage
À l'aide des flèches, faites défiler les lettres
A Montpellier, le samedi 14 novembre 2020
Chers Parents, Cela fait quelques mois que nous ne pouvons plus nous serrer dans les bras. Quelle drôle d'époque ! Il y a bien longtemps, il vous a fallu bien du courage pour affronter la guerre, les privations et les tâches quotidiennes. Mais ne vous faites pas de souci, car nous avons du courage, votre courage chaque jour pour : Prendre soin des autres Nous avons du courage car vous nous avez appris à aimer la vie et à apprécier chaque moment. On ne part plus en vacances, et alors ! Enfants nous allions à Palavas et c'était déjà le bout du monde. Alors, pour vous, pour la vie nous resterons debout et courageux. Vos enfants, vos petits-enfants et arrières petits enfants qui vous serrent bien fort.
A bientôt Milles baisers |
Montpellier le 25/11/2020 Depuis longtemps je garde un secret que je n’ai jamais dit à personne. J’avais 5 ans, peut-être 6, et je me suis dit que le chant était ma voix. Je ne dis pas ça pour faire un jeu de mots bien sûr. Puis j’ai commencé à grandir et j’ai bifurqué sur une autre voie, un peu similaire au chant : le RAP. Voilà c’est dit, j’ai le courage de te l’avouer… Je veux devenir une rappeuse. Mais c’est compliqué par ce que je ne sais pas comment avoir un « manager » ou de savoir où aller. Bon je viens de te dire un secret que tu ne dois répéter à strictement personne. Merci beaucoup et à bientôt.
Inaya 10 ans |
Montpellier le 02/12/2020
Chère copine, - Coucou ça va c’est quoi pour toi le courage - Le courage ? Pour moi le courage c’est une valeur qui se découvre non pas quand tu nais mais en grandissant. C’est une valeur qui peut servir pour défendre des causes ou ses amis, ça peut aussi te mettre en danger mais bon ce n’est que rarement et pour toi c’est quoi le courage ? - Pour moi ? - Beh oui. - D’accord, je vais te dire ce que le courage représente pour moi. Je suis d’accord avec ce que tu as dit mais je me permets de rajouter quelques petites pensées : le courage tout le monde ne l’a pas ; ce n’est pas grave bien sûr J mais pour ceux qui l’ont même s’ils se mettent en danger, grâce à leur courage ils pourront tenter quelque chose, que ceux qui ne le sont pas seront moins tentés mais bon nous ne sommes pas là pour parler de ça donc voilà tu veux rajouter quelque chose ? - whaou tu as dit tout ce que je voulais dire :o Alors on en reparle bientôt, bises. Juliette 12 ans |
Le 24 novembre 2020 |
A Montpellier le 16/11/2020 |
On le prend à deux mains, on en fait preuve, on le montre. |
Cher voisin d’en face, |
Mon bien cher Joseph,
Je sais que tu ne pourras pas me répondre mais il n’y a personne d’autre que toi à qui je puisse raconter l’excès de mes émotions…et toi seul peut les comprendre. Cette fois, j’en suis sûre tu aurais été fier de moi ! Ce matin, j’accompagnais Mathilde à l’hôpital, comme chaque matin, depuis qu’elle n’a plus de voiture. Nous avions fait un détour par chez Germain pour se procurer une de ces petites tiédeurs briochées qui fondent sur la langue. Lorsque nous sommes arrivées, il y avait un attroupement devant la porte de l’entrée numéro trois. « Laisse-moi là, je te rejoins au premier » Mathilde s’est précipitée pendant que je garais la voiture, le matin il y a toujours de la place. Une poignée de soignants tentaient de faire reculer les badauds curieux afin de prendre en charge une personne, tombée à terre. De loin je distinguais à peine la silhouette d’une toute jeune fille, 16 ans peut être, couchée sur le côté les mains crispées contre elle, elle semblait prise de violentes convulsions et avait peine à respirer. En quelques secondes, mus par une dextérité époustouflante, les médecins l’avaient déposée sur le brancard, branché une perfusion, mis un masque à oxygène sur son visage et fonçaient à l’intérieur. La jeune fille paraissait s’être apaisée.. C’est à ce moment-là que j’ai deviné qu’elle était enceinte … 6 mois guère plus. Juste le temps de croiser le regard de Mathilde, elle était blême mais elle a hoché la tête me rassurant d’un timide sourire et elle a été aspirée par la porte d’entrée, me laissant sur le parvis sans un mot. Elle est admirable notre fille ! Un instant égarée, je me suis dirigée vers le petit distributeur de boissons à droite du bureau d’accueil. J’avais besoin d’un café. Je n’ai obtenu, pour 1€,10 tout de même, qu’un peu d’eau chaude avec un léger gout caféiné, mais ces quelques gorgées m’ont fait du bien. Requinquée, je suis montée au premier par l’escalier, comme chaque jour mais pour la première fois, les marches me semblaient interminables. Dans le couloir, feutré à la lumière couleurs pastel, une musique douce flottait, identique à celle que l’esthéticienne diffuse dans la salle des massages. Oui je sais que ce ne sont pas des lieux que tu fréquentais mais imagine …le bruit de l’eau qui coule, quelques notes délicates de harpe doublées de temps à autre par une ou deux jeunes grives qui s’attardent à babiller. Pourtant malgré ce calme apparent, on sent bien que c’est la ruche ici même si les abeilles ont appris à bourdonner et à s’affairer en silence, on dirait même qu’elles se déplacent en glissant, quelques centimètres au-dessus du sol. « Bonjour Madame Roche, Mathilde n’est pas avec vous ? - Bonjour Josiane si ! Si ! Elle arrive elle a aidé à l’accueil... - Ah oui on nous a dit ! Je l’écoute à demi, me dirigeant vers la vitre du box numéro six, il n’y a que cette vitre qui m’attire comme un aimant ce matin et j’entends un mot sur deux que l’aide puéricultrice lâche dans du coton en poursuivant son chemin dans le couloir. « ...très jeune …asthme …risque … nous on est prêt» Au bout du couloir effectivement, les abeilles se sont agglutinées près du dernier box... Je sais. Mais je regarde enfin à travers la vitre. Léopold est là, recroquevillé sur le ventre comme une petite grenouille, relié à toutes ces machines qui clignotent, comme s’il jouait plusieurs parties de vieux juke box en même temps, sa tête tournée du côté du couloir, comme s’il attendait notre venue. Son bonnet, encore dix fois trop grand, est enfoncé presque jusqu’aux yeux le fait ressembler à un ce petit schtroumpf que Mathilde avait gagné à la fête de l’école. Dix terriblement longues semaines … 70 jours et demi et 72 nuits …plus de mille six cent quatre-vingt-quatre heures de lutte 1k050g plus que 950g avant la liberté tant espérée. Je ressens soudain une énorme vague de chaleur qui apaise mon vieux corps tremblant d’admiration pour cette petite vie qui s’accroche. Je n’ai plus le droit d’avoir peur ni de me plaindre, jamais ! Toi seul, de là où tu es tu peux comprendre ce que je ressens. Je voulais le partager avec toi. Aujourd’hui pour la première fois depuis ton départ je ne pleurerai pas. Léopold me donne l’envie de déplacer des montagnes
Ta Lucette |
Montpellier le 24/11/2020 |
Montpellier le 3 novembre 2020
Cher lecteur,
Je vous écris aujourd'hui car le temps me semble long en cette période qui est plus ou moins compliquée à tout un chacun. Je dois trouver le courage, le matin, de me rendre au travail en connaissant votre impossibilité d'être au rendez-vous. Triste d'être empêchée de ce contact humain qui crée du lien social et qui me tient à cœur. Nos missions en sont toutes chamboulées, il faudra trouver la force de continuer mais je sais déjà que vous allez me manquer. Je garde l’espoir de vous lire, si bien sûr, le courage vous en dit… J'espère à très bientôt.
Bien à vous, Votre petite bibliothèque |