v
« Une lettre pour te Dire… »
lectures
Mardi 6 juillet à 10h bibliothèque Paul Langevin
Pour clôturer notre atelier épistolaire, nous vous invitons dans le jardin de la bibliothèque pour une lecture de toutes vos correspondances.ff
Arrivés au terme de notre appel à vos lettres signées ou anonymes sur le thème "Qu’est-ce qui nous manque… ?" nous vous invitons à présent à les découvrir.
Bonne lecture !
votre Correspondance sur le thème "Qu’est-ce qui nous manque… ?"
À l'aide des flèches, faites défiler les lettres
Bonsoir les penseurs
De quoi manquons-nous ?
Trop ignorante pour ce vaste thème
Peur des stéréotypes
Peur de réfléchir sur la condition humaine
Peur de sonder le fond et chercher l’amour, la compassion, le pardon, le regard, l’émerveillement
Demander l’égalité dans les soins, le minimum vital et l’eau potable pour tous
Citation de Jean Paul II
« Ce qui manque au monde c’est, une nouvelle vision de la paix »
Trop à méditer?
Humblement
Manon
Qu’est ce qui nous manque ?
La liberté et le risque de vivre aussi …
L’absence de risque nous ennuie …nous paralyse plus que la peur..
De l’air du vent sur nos visages… respirer… sourire…crier
Sans être étouffer !!
Montpellier le 18 juin 2021
Ma chère sœur,
Je ne sais pas si de là où tu te trouves, tu à vue l’état de notre vie depuis un an…
Entre l’épidémie, les confinements, dé-confinements, couvre-feu et autres restrictions nous avons dû nous adapter.
Bientôt l’été, nous allons pouvoir souffler un peu, se détendre et avoir un peu de normalité dans notre quotidien.
Ce qui nous manque le plus c’est la perspective de jours meilleurs !
Toi tu n’as pas ce genre de soucis depuis ton étoile et en pensant à toi je suis contente que tu n’es pas connu cette période difficile (de toute façon tu n’aurais pas supporté d’être enfermée…)
Malgré toutes ses épreuves et le fait que l’on ne sait pas quand tout cela sera fini, je garde un peu d’espoir en l’avenir grâce à la force que tu me donnes.
Je t’embrasse tendrement.
Ta petite sœur qui t’Aime
Lettre à celui qui a changé notre vie,
Au début, nous ne t’avons pas pris au sérieux. Certes, tu sévissais dans l’Empire du Milieu, mais là-bas, ils nous cachent tant de choses. Très vite, ceux qui savent ou prétendent savoir, nous ont refait le coup dit « du nuage de Tchernobyl ». Un danger existait mais il n’atteindrait jamais nos contrées. Et puis, tout le monde avait à l’esprit la grippe H1N1de 2009 qui restait synonyme de grand gaspillage. Pourtant, sournoisement mais inéluctablement, tu es devenu ce dictateur qui a pris le contrôle de nos vies et qui nous prive de tant de choses. A cause de toi, depuis plus d’un an, notre existence est faite d’interdits et de manques.
Nous avons découvert la notion de « commerce essentiel » et vite constaté que la définition n’était pas la même pour chacun. Ce qui me semblait essentiel ne l’était pas forcément pour mon voisin. Comment justifier de pouvoir essayer dans un magasin des vêtements et des chaussures à un enfant de 3 ans mais pas à celui qui avait besoin de la taille au-dessus ? Vivement que le bon sens retrouve sa place. Alors oui, aller librement dans un magasin pour essayer plusieurs paires de chaussures, enfiler deux ou trois pantalons, quelques vestes, plusieurs maillots de bains, choisir des jouets aux enfants, s’offrir un bijou, un meuble sans s’inquiéter de l’heure, de l’espace disponible pour évoluer, cela m’a manqué.
Du jour au lendemain, toujours à cause de toi, nous avons été privés de musées, de cinéma, de concerts, de théâtre, de salles de sport. Certes nous disposons d’outils informatiques qui tentent de pallier ce manque. Il n’empêche, rien ne remplace les applaudissements à l’issue d’un spectacle, le plaisir de retrouver ses amis pour écouter un concert « en présentiel » (autre mot auquel nous avons dû nous habituer), prendre du recul pour admirer un tableau. Et puis, faire du sport en groupe, c’est autrement motivant que de le suivre « en visio » devant son ordinateur.
Par ta faute encore, nous avons même été privés de balades sur les plages. Jusqu’alors, personne n’avait cherché quelles rues se trouvaient à 1km de son domicile. Ce fut presque un bonheur lorsque nous avons pu élargir notre cercle à 10 km. Lorsque nous avons été autorisés à parcourir 100 km c’était quasiment un luxe. Le « graal » fut atteint lorsqu’il fut possible de se déplacer sans limitation de distance, même si c’était uniquement en France. Malheureusement ces autorisations sont comme « un yoyo », ce qui est autorisé aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain.
Quand retrouverons-nous la liberté totale de se déplacer ?
Bien sûr le Pont du Gard, Cancale, les monts d’Auvergne, la Tour Eiffel, c’est chouette mais revoir « en vrai » le Machu Picchu, le Golden Gate, le Taj Mahal, le Kilimandjaro autrement qu’à travers nos photos, ce serait si bon.
Tu nous as privés du plaisir de refaire le monde en buvant notre « petit noir » au café le matin, retrouver des amis pour un apéro festif autrement que devant un écran. Et puis, pas de chance lorsque le cercle familial ou amical dépasse 6 personnes. Il ne suffit plus de trouver un restaurant, il faut en même temps décider qui va manger sur la deuxième table. Bonjour l’ambiance !
Nous avons été contraints d’abandonner notre rituel, bien français, à savoir se saluer en « claquant » deux, trois, voire quatre bises. Certes, nous avons découvert « le check », nous imitons dorénavant les Asiatiques qui se saluent par une courbette, d’aucuns tentent un semblant de contact par le coude ou le pied. Il a fallu renoncer à étreindre nos proches, à prendre nos petits-enfants sur les genoux, les câliner, ne pas sortit de chez soi sans un masque.
Quand pourrons-nous enfin échanger des sourires ? nous approcher des autres sans penser au préalable « distance réglementaire » ? ne plus sursauter lorsque notre voisin tousse ?
Et puis nos vies sont jalonnées d’évènements heureux ou malheureux qui donnent lieu à des regroupements. A cause de toi nous n’avons pas pu accompagner un proche, un ami dans ses derniers instants, soutenir sa famille. Pas de chance non plus pour ceux qui avaient programmé de se marier. Depuis que tu as envahi nos vies, la fiesta n’est plus de mise. Si l’on menait l’enquête, fêter son anniversaire entouré de ses amis et de sa famille arriverait certainement en tête sur la liste des cadeaux souhaités. Il est grand temps de te faire oublier et de nous rendre tout ce dont tu nous as privés. Vivement que les masques tombent et s’entassent à l’arrière des boutiques avec les invendus. Que nos agendas se remplissent sans être continuellement raturés. Une vaccinée qui dispose de son QR code (mais ça, c’est encore une autre histoire...).
votre Correspondance sur le thème "Moi dans 10 ans ..."
À l'aide des flèches, faites défiler les lettres
Mai 2031…
Bonjour à moi dans 10 ans,
A l’aube de tes 50 ans, le temps a dû filer et j’espère que cette décennie ne s’est pas trop mal finie !?
Il y a 11 ans nous avons tous été confinés à cause d’un virus et cette expérience nous a fait voir la vie sous un autre angle. Beaucoup de choses ont changé dans notre quotidien mais aussi dans notre façon de travailler et d’appréhender l’avenir.
Je me suis mis à mi-temps pour prendre du temps pour moi et surtout pour mes petits-enfants.
J’aime être la mamie gâteau qui raconte toujours des histoires.
Tous les mercredis je les garde dans ce qu’ils appellent « la mini ferme ».
J’ai recueilli pleins d’animaux différents, mes voisins me surnomment « Brigitte Bargeo », mais je m’en fous totalement et je me régale à discuter avec ma basse-cour (poules, oies, tourterelle, lapins…).
En ce printemps 2031, mon jardin a du mal à pousser avec les sècheresses qui se succède depuis quelques années mais je ne baisserais pas les bras et je continuerais à protéger cette terre nourricière.
Je t’embrasse et surtout prend bien soin de toi.
Montpellier le 18/02/2021
Pluie fine, douce. Besoin de respirer. Dehors, nature verte. La sente est boueuse.
Marche lente, la jambe folle ne veut pas suivre le rythme de l’autre, tant pis.
Masque oublié, personne. Respire, respire
L’eau clapote sur les feuilles et m’envoye ses gouttelettes.
Rêverie, rêverie, pensées grises évaporées…
Sursaut, un corniaud me dépasse, revient, m’attend, seul aussi
La truffe est en éveil, lui aussi est venu respirer.
Je me tais, continue, savoure sa présence.
Le chemin se finit, je vais rentrer...Il a disparu.
Cordialement, humblement.
Anne Marie
Lorsque l’on a dépassé 60 ans, c’est une gageure de vouloir répondre à cette interrogation. A
20 ans, ma réponse aurait été dithyrambique, pleine d’enthousiasme et d’impatience. Je suis
née durant la période qualifiée « des trente glorieuses », tous les espoirs étaient permis, aucun
rêve ne semblait fou. Dix ans plus tard, mère de famille, je me serais projetée autour de mes
enfants. Plus tard, la quarantaine passée, la cinquantaine dépassée, j’aurais répondu à la
question avec un peu de nostalgie, quelques regrets mais pas sans un soupçon d’espoir. Nul
doute que l’âge venant, des restrictions naturelles se seraient imposées, mais une nature
optimiste m’aurait incitée à envisager un avenir assez serein.
En ce mois d’avril 2021, les cartes ont été rebattues, le COVID est passé par là. Qui peut rêver
sa vie en 2031 ? Les plus jeunes ? Je l’espère. Il est plus facile de se projeter « lorsque l’on a la
vie devant soi ». Bien sûr on peut à loisir énumérer quelques poncifs : la mémoire est sélective
et avec le temps ne retient que le meilleur, ceux qui étaient adolescents en 1940 ont connu
d’autres restrictions, il faut garder espoir dans la science …
Mais dans 10 ans :
Aurons-nous retrouvé la liberté de se déplacer librement, sans craindre pour sa santé ?
Pourrons-nous étreindre nos proches en ayant complètement oublié qu’en 2021 c’était
impossible ou du moins fortement déconseillé ?
La science qui avance à grands pas, nous aura-t-elle définitivement mis à l’abri d’une nouvelle
pandémie ?
Que seront devenus ceux qui chaque jour sont laissés au bord de la route, victimes de la crise
économique ?
Les étudiants de 2021 auront-ils pu achever sereinement leur cursus universitaire ?
Les enfants pourront-ils jouer dans la cour des écoles sans porter de masque autrement que le
jour de carnaval ou d’Halloween ?
Aurons-nous complétement oublié les « apéros en visio » et retrouvé les « traditionnels
barbecues dans le jardin » ?
Sera-t-il possible de fréquenter les salles de spectacles, les cinémas sans « jauge sanitaire » ?
Pourrons-nous déambuler à nouveau dans les musées autrement qu’en virtuel ?
L’anglicisme « fake news » aura-t-il disparu de notre vocabulaire ?
Tous les complotistes auront-ils été démasqués ?
Je pourrai poursuivre cette liste pessimiste, loin d’être exhaustive, bien que sa relecture me
donne le bourdon. Et si finalement c’était juste mon âge avancé qui m’empêchait de rêver ?