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Le dernier festival de Cannes confirme la tendance qui fait des films biographiques un genre en soi : y étaient notamment présentés une évocation du peintre J.W. Turner par Mike Leigh, un deuxième film en quelques mois consacré à Yves Saint-Laurent et le destin princier de Grace de Monaco avec Nicole Kidman dans le rôle-titre.

Le destin d’un « grand homme » et un acteur vedette, voici les deux ingrédients nécessaires à la réussite d’un film biographique. Si le genre existe depuis les débuts du cinéma, c’est le terme de biopic qui s’est désormais imposé. Souvent à la limite de l’hagiographie, rarement à charge, il raconte la vie de personnages historiques, qu’ils soient politiques ou artistes, et souligne leur caractère héroïque et la singularité de leur destin.

Peut-être plus encore que la notoriété des personnages choisis comme sujets d’un film, ce sont les performances d’acteurs, parfois troublants de mimétisme, qui ont contribué à faire des biopics un genre populaire. Car souvent l’acteur sera aussi célèbre que le personnage qu’il interprète. Depuis que Sarah Bernhardt interpréta La Reine Elisabeth, en 1912, il fut de règle d’avoir « un personnage célèbre incarné par un acteur célèbre » (Vincent Pinel). L’exercice est délicat car la vedette devra parvenir à s’effacer derrière le rôle tout en brillant par son interprétation.
Outre les personnages historiques, le destin parfois tragique et le talent des artistes inspire le genre, en particulier celui de musiciens : Jim Morrison, Johnny Cash, Ray Charles, John Lennon, Ian Curtis, Sid Vicious, Edith Piaf, Serge Gainsbourg… ont vu leur vie portée à l’écran. L’exercice peut devenir délicat : le danseur Gregory Hines prévenait que si un biopic était consacré aux Nicholas Brothers, formidables danseurs de claquettes, il faudrait faire appel à des images de synthèse car personne n’est capable de reproduire leurs numéros !

Autres sources d’inspiration : les grands patrons dont l’ascension, voire la chute, est parfois aussi spectaculaire que celle des bandits (Howard Hugues, Larry Flynt…) ; des personnes à la une de l'actualité (Welcome to New York de Abel Ferrara ou Edward Snowden dans un projet de film développé par Oliver Stone) et maintenant les magnats des nouvelles technologies. Après Mark Zuckerberg dans The Social Network, on a aussi retrouvé Steve Jobs dans… Jobs.

Le film biographique n’est pas documentaire et utilise la réalité comme ressort dramatique. Rarement critique, souvent édifiant, il célèbre les valeurs des grands hommes, leur courage ou leur talent, parfois leur résilience face aux épreuves. On l’aura compris : plus que sa dimension artistique ou son intérêt historique, ce qui attire les producteurs c’est qu’en ajoutant à la notoriété d’un personnage celui d’une vedette, cela augmente les chances d’obtenir un film rentable…

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